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Âgé de seulement 22 ans, Selma Bacha, est devenue cet été l’une des figures incontournables d’Hervé Renard, avec laquelle elle vient de disputer sa première Coupe du monde. Dans un entretien accordé auprès de France Football, la latérale, est revenue sur sa 1ère expérience internationale avec la sélection.
Sur son Mondial
« Je me suis blessée pendant la préparation et j’avais un peu peur pour ma cheville (gauche). Mais quand les résultats (des examens) sont tombés, j’ai dit au coach que c’était impossible pour moi de rentrer en France, que j’allais tout faire pour revenir. Parce que c’était une première Coupe du monde avec ce maillot que j’aime tant porter. Que je voulais faire vibrer mon pays, rendre fiers nos supporters, ma famille. Et c’est vrai que durant la compétition, j’ai changé de statut. Je suis passée dans la peau d’une titulaire. J’y étais prête parce que j’ai beaucoup bossé. Et parce que j’ai de l’expérience avec tous les titres qu’on a remportés à l’OL (5 Championnats, 4 Ligues des champions). Il y avait de la déception après l’élimination contre l’Australie en quarts (0-0, 6-7 aux t.a.b.). Mais je sors de cette Coupe du monde grandie et fière de moi, parce que j’ai tout donné. Même si on va parler de mon tir au but raté, je n’ai aucun regret. »
Sur sa relation avec Wendie Renard
« Wendie, c’est une deuxième maman, une grande soeur. Un repère, un leader. Elle m’a prise sous son aile. Elle a été là pour moi. C’est la première fois que j’arrive à prendre du recul et à ne regarder que le positif. Parce que faire une première Coupe du monde en Australie à mon âge, avec autant de temps de jeu, c’est quand même quelque chose. »
Sur sa relation avec Hervé Renard
« Sa bonne humeur et cette cohésion, parce que c’est une notion primordiale pour lui. Son expérience, aussi. C’est un entraîneur de classe mondiale, il est arrivé avec un super staff et a changé beaucoup de choses. Il ne faut pas tout remettre en cause sous prétexte d’une élimination en quarts. »
Sur ce que Renard a apporté à la sélection
« Je n’ai rien à reprocher à Corinne Diacre. Mais avec Hervé, on a beaucoup plus de réunions, de séances vidéo. S’il y a des questions, les filles n’hésitent pas. Et on sent que tout le monde comprend le projet. Alors qu’auparavant, la discussion était plus difficile pour certaines joueuses du groupe. »
Sur la polémique du baiser en Espagne
« C’est inacceptable. Et en tant que joueuse, je lui apporte tout mon soutien. On est toutes ensemble. Je me dis aussi que c’est dommage. C’est le premier sacre mondial de l’Espagne, il s’est passé beaucoup de choses avant (des joueuses majeures ont boycotté la Coupe du monde en raison d’un conflit avec leur Fédération) et on ne parle que de cette scène. C’est nul. »
Sur l’évolution du football féminin
« Il y a déjà eu beaucoup de changement. Et je remercie les anciennes générations, parce que c’est grâce à elles qu’on en est là aujourd’hui. Mais il faudrait peut-être qu’on investisse un peu plus, qu’on soit plus médiatisées. Et que tous les clubs soient au même niveau en termes d’installations. Quand on est en déplacement et que je discute avec des filles d’autres clubs, parfois je me dis : « Les pauvres, elles travaillent à côté, vont à l’entraînement le soir, jouent le week-end, font des déplacements en car… » À Lyon, on a eu le meilleur des présidents (Jean-Michel Aulas) qui a tout fait pour nous et je pense que l’arrivée de Michele Kang (nouvelle actionnaire majoritaire de l’OL féminin), qui veut beaucoup investir, va nous faire du bien. Mais ce serait bien que d’autres clubs prennent aussi exemple sur nous. Et je dis ça sans les rabaisser. »