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Ce dimanche, l’Equipe de France, fera son entrée en lice dans la Coupe du Monde contre la Jamaïque. A quelques heures du début de la rencontre, l’attaquante des Bleues, Eugénie Le Sommer, s’est confiée sur ses ambitions dans un entretien accordé pour L’Equipe.
Si c’est frustrant d’être ramenée à son âge
« Non, aujourd’hui je le prends avec beaucoup de légèreté. Les filles en rigolent, par exemple Vicki (Becho, 19 ans) m’appelle « Tata ». Je me sens bien, c’est le plus important. Il y a des joueuses dont le corps a déjà lâché à 28 ans, et on ne leur parle pas de leur âge. Pour moi, c’est juste un nombre, le plus important reste les sensations. »
Si elle a pensé à la retraite
« Au niveau du foot, non. L’âge ne doit pas se voir. Bien sûr qu’on récupère un peu moins vite, même si on fait plus attention à d’autres choses. Quand j’ai débuté le foot, je ne me suis jamais dit : je vais jouer jusqu’à tel cap. Je n’ai pas encore choisi quand j’arrêterai (fin juin, elle a prolongé pour un an avec l’OL avec les JO 2024 dans le viseur). C’est quasi sûr que je ne continuerai pas jusqu’à 40 ans, mais c’est lié à ma vie de femme, pas par rapport au terrain. Ce qui dicte mes choix, ce sont mon corps et ma tête, et ils disent que je peux continuer. »
Sur son jeu à 34 ans
« C’est faire des déplacements que, peut-être, je ne faisais pas à 20 ans, qui me permettent de tromper mon adversaire, chercher à entrer dans sa tête, faire ce qu’elle n’attend pas. Ce sont des choses qui se font naturellement aujourd’hui, mais qu’on ne peut pas avoir à 20 ans, sans l’expérience. Je n’ai pas la même façon de jouer que quand j’ai débuté. J’étais plus une joueuse d’instinct au départ et, avec les années, je suis plus dans la réflexion. Même si j’essaie de garder cette part d’instinct. »
Sur son évolution dans le jeu
« J’ai eu la chance d’arriver en même temps que la professionnalisation du foot féminin, tout a été naturel. Je fais plus attention à mon sommeil depuis deux ans et demi, j’ai un tracker pour mieux dormir et je vois les résultats. Je suis une dormeuse, pas trop du matin et pas trop sieste. Je fais beaucoup plus attention à la préparation invisible, les bains froids, la nourriture, le sommeil, les boissons, les compléments qui peuvent aider. Je fais partie des plus acharnées du groupe dans ce domaine, même si tout le monde fait attention. »
Si elle est revancharde après son retour chez les Bleues
« J’ai envie de montrer que je ne suis pas finie, que j’ai encore des choses à apporter. Je n’ai pas forcément compris pourquoi, à 31 ans, on m’avait mis de côté en sélection (*), alors que je me sentais bien sur le terrain. Les gens ont essayé de trouver une raison et se sont dit que c’était peut-être pour l’âge. Mais une joueuse de 20 ans peut être moins performante un match, on ne va pas mettre ça sur le dos de son âge. Alors que si je passe à côté, on va immédiatement parler de ça. Heureusement, je sais prendre du recul. »