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AGIF/Shutterstock.com

Lors d’un entretien accordé pour L’Equipe, l’ancien président de la FFF Noël Le Graët, est revenu sur les accusations d’harcèlement sexuel et moral, sa démission ainsi que sur ses propos à l’encontre de Zinédine Zidane.

Sur sa démission

« J’ai passé un moment émouvant ce matin (mardi) avec le Comex. Je l’appréhendais parce que cela fait douze ans que je suis président. C’est une longue histoire, avec beaucoup de dossiers, de combats, des succès, des échecs, avec une Fédération que j’adore. J’étais très triste au mois de janvier. Cela s’est arrangé depuis et je suis content d’avoir pu discuter avec les membres du Comex. »

Le moment où il a annoncé sa démission

« Non, j’ai employé le verbe « quitter », car je n’aime pas « démissionner ». Je les ai remerciés pour tout le travail que nous avons réalisé ensemble. Après, il y a eu un dialogue où chacun a pu intervenir. J’ai été touché par des discours émouvants… De Jean-Michel (Aulas), Marc (Keller), Hélène (Schrub), Laura (Georges), Pascal (Parent)… Certains étaient très émus. Cela m’a même étonné, dans le bon sens du terme, et touché que certains versent une petite larme. Le Comex ne m’a pas lâché, comme j’ai pu le lire. De toute façon, il n’en avait pas le pouvoir. Ni de me garder ni de me mettre dehors, ce n’est pas son rôle. Et ce n’était pas mon rôle non plus quand j’étais un simple membre du Conseil fédéral. Je suis très heureux d’avoir travaillé avec eux. On a passé des années assez exceptionnelles. Je n’en veux à personne. »

Sur son futur

« Déjà, je suis bien dans ma peau. Ma femme va bien, mes filles aussi, mes petits-enfants vont tous bien. Mes affaires dans l’agroalimentaire se portent très bien. Je vais… (il cherche ses mots) Je vais contester le rapport, déjà. Mes avocats vont le faire par toutes les voies juridiques qui leur sont offertes. Ils vont contester l’irrégularité de l’enquête administrative au sein de la Fédération et demanderont l’annulation du rapport de la mission d’enquête. Je vais aussi continuer à m’occuper du bureau de la FIFA à Paris. J’ai vu Gianni (Infantino) hier (lundi) à Paris et il m’en confie la responsabilité. Je suis attaché au développement du football en Afrique. Et, bien évidemment, si le président ou quelqu’un de la Fédération a besoin de renseignements sur un dossier, je suis vraiment à disposition. »

S’il souhaite attaquer en justice la ministre des Sports

« Ce sont mes avocats qui vont se charger de choisir quelles actions il faut mener (*). Je conteste le rapport et elle en fait évidemment partie. L’enquête dont j’ai fait l’objet a été menée à charge, en méconnaissance totale de mes droits et du principe du contradictoire. Elle a été juge et partie et ça, ce n’est pas possible, même si elle prétend que non. »

Sur les accusations de Florence Hardouin à son encontre

« On ne s’est pas revu depuis la Coupe du monde, où je l’avais invitée. Le temps qu’elle était là, elle dînait avec ma femme et moi. J’ai eu beaucoup de plaisir à travailler avec elle. Elle me doit beaucoup, je l’ai formée, je lui ai appris la comptabilité, les négociations de contrat. J’ai du mal à comprendre sa méchanceté actuelle. Mais ça lui passera. Mon petit doigt n’a jamais touché le sien. Je lui ai sauvé sa place à plusieurs reprises. En 2019, quand 14 directeurs sur 17 ou 18 demandaient son départ, puis une seconde fois après le rapport d’audit de Plein Sens que j’avais commandé. Je l’ai protégée car elle se faisait démolir. Et avant la dernière Coupe du monde au Qatar, le comex souhaitait son départ. »

Sur l’audit

« Je le conteste totalement et je ne me présenterais pas devant vous si je mentais. Je n’ai jamais harcelé personne, ni moralement ni sexuellement. Je suis surpris par toute cette cabale. Je ne sais pas qui est derrière, mais je finirai par le savoir. Je n’ai rien fait de mal et j’attends de voir les suites avec mes avocats. »

Sur les accusations d’alcoolisme

« Cela m’arrive, avec mes amis ou mes collaborateurs, notamment quand une équipe de France gagne ou que j’ai pu signer un gros contrat à la FFF. Et alors ? Je connais beaucoup d’hommes et de femmes qui boivent du champagne… »

Sur ses déclarations à l’encontre de Zidane

« Mes déclarations étaient très maladroites. Je venais de rentrer de Paris et c’était le troisième journaliste qui me posait la question sur Zidane, j’avais été aimable avec les deux premiers et avec le troisième, je ne sais même pas qui c’était (Marion Bartoli), j’étais au téléphone, j’ai craqué. C’est malin, je me mettrais des claques. Je n’aurais jamais dû dire cela. Mais je me suis tout de suite excusé. »

Sur les accusations de Sonia Souid

« Elle-même dit qu’il n’y a eu aucune agression. Déjà, ce n’est pas une salariée de la FFF. Il n’y a aucun rapport hiérarchique. Je l’ai invitée chez moi à Paris pour des raisons professionnelles, ça m’arrive de recevoir des collaborateurs, même des journalistes, dans cet appartement pour parler boulot, elle a accepté de venir et a pu en repartir quand elle le voulait. Je ne l’ai jamais agressée et je ne lui ai jamais envoyé de SMS à caractère sexuel. Donc, quelle est l’histoire ? Et qu’est-ce qu’elle vient faire là-dedans ? On voit bien que c’est un coup et qu’il a été monté. »

Sur son bilan

« Je crois avoir fait progresser la Fédération, aussi bien sportivement qu’économiquement, au niveau de son budget global. Il y a aussi Clairefontaine. Les sommes données au foot amateur ont été portées à un niveau jamais vu avant (104 M€ cette saison, contre moins de 50 M€ en 2010-2011). La Fédération compte des partenaires solides et fidèles. Depuis 2011, la FFF a remporté 11 titres. Le football féminin a progressé comme jamais en nombre de licenciées. La formation française est aujourd’hui considérée comme l’une des meilleures du monde. Cela ne va pas si mal, même si on aime bien se plaindre de tout et de rien, parfois… Il y a eu beaucoup de bonnes choses de faites. »

Sur la crise au sein des Bleues

« Je ne suis plus président depuis quelques minutes. Je ne donnerai pas d’avis. Je laisse le futur président et Jean-Michel Aulas qui va prendre du poids dans ce dossier s’en occuper. »

Sur soutien pour Corinne Diacre

« Ce sont les statuts qui veulent cela. Un président qui ne soutient pas son entraîneur, ce n’est pas bien. Corinne n’a pas perdu tant de matches que cela (8, en 72 rencontres). Elle ne fait pas pire en tout cas que certains hommes qui étaient là avant elle. Elle a connu trois défaites depuis la Coupe du monde (2019) où on a été éliminé par les États-Unis, dont deux lors d’une tournée qu’elle a souhaité disputer en Suède et en Allemagne avec une équipe bis. Mais elle a remporté le Tournoi de France à chaque fois, une compétition que j’ai créée et qui commence à prendre. 25 000 personnes ont assisté à la dernière édition. En revanche, elle a fait une erreur d’enlever le brassard à Wendie Renard sans la prévenir et au travers de la presse. »

Sur la prolongation de contrat de Didier Deschamps

« Qui n’aurait pas mis Didier après une finale de Coupe du monde perdue à une chaussure près ? Vous-même vous l’auriez choisi. Didier a dit qu’il partirait quand il le voudrait sans demander un rond, alors que ce soit deux, quatre ou six ans… Le couple que l’on a formé n’a jamais été guidé par l’argent. »

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